Texte repris du site littéraire Plimay

Ce mois de novembre, dans la rubrique Mon auteur.e, Plimay met son projecteur sur le poète, nouvelliste, journaliste, Jonel Juste pour rencontrer son auteur du mois et parler de son experience avec la lecture.
Né à Carrefour un 2 octobre, Jonel Juste, depuis plus de quinze ans, exerce le métier de journaliste. Grand mordu de l’art poétique, c’est à la fin du cycle secondaire qu’il est entré dans la poésie en découvrant ‘’Paroles’’, un recueil de Jacques Prévert. Ensuite, il a découvert d’autres auteurs : des poètes, des romanciers, des nouvellistes, des essayistes, haïtiens et étrangers pour se retrouver (et ce n’est pas un hasard) un peu plus tard animateur à la Bibliothèque Justin Lhérisson de Carrefour où il a appris les ficelles du métier de l’écriture. Cela allait plus tard le pousser vers le journalisme. Il a fait ses premiers pas au Journal Le Nouvelliste comme rédacteur, puis rédacteur en chef à Haiti Press Network. Il a aussi collaboré à d’autres journaux comme Le Floridien, le Miami Herald, Miami Times, Sun Sentinel, New Miami Times. Jonel Juste a deux recueils de poèmes à son actif : ‘’Carrefour de Nuit’’, Éditions Edilivre, 2012 et “Solèy, Solèy” publié au printemps 2020 (Kindle Publishing).
Si certains ont eu la chance d’être influencé par un environnement cognitif où l’objet livre a été très présent dans leur vie, Jonel Juste paraît n’en fait pas partie. Il est parti tout seul à la conquête du livre dans sa vingtaine. Une quête qui l’a amené à la fin des années 90 vers l’Institut Français d’Haïti qui se trouvait à cette époque au Bicentenaire où il a fait connaissance des grands classiques de la littérature française et haïtienne et a lu son premier roman “Lune de Fiel” de Pascal Bruckner, puis a regardé le film éponyme réalisé par Roman Polanski. Depuis, il a fait de la lecture, non pas une sorte de contrainte mais un pur plaisir. Devenu animateur de l’Atelier Marcel Gilbert qui se tenait chaque samedi, il a fait la connaissance de plusieurs auteurs haïtiens à travers leurs œuvres : Gary Augustin, Bonel Auguste, Marc Exavier, Kettly Mars, Gary Victor, des peintres tels que : Yvenson Célidon, Eyma Joseph, Préfète Duffaut, Dieudonné Cédor, des sculpteurs, des dramaturges, etc.
Pour ce mois-ci, Jonel Juste en relisant “Les Voleurs de Beauté” (Grasset) retrouve la plume envoûtante de Pascal Bruckner, romancier et essayiste français. Un roman qu’il a lu, pour la première fois, il y a de cela une vingtaine d’années à l’Institut Français d’Haïti. Cet ouvrage, Prix Renaudot 1997, nous transporte dans l’est de la France et nous raconte l’histoire de Benjamin et de sa fiancée Hélène qui, un soir d’hiver, se trouvent bloqués par la neige dans une maison du Jura. Jérôme Steiner, l’hôte courtois, séducteur à la crinière blanche, Francesca, sa femme, une matrone vénéneuse, et Raymond, le valet, forment le comité d’accueil. Hélène et Benjamin vont se rendre compte que dans la partie souterraine de cette maison se trouve une cave secrète où sont enfermées des jeunes femmes dont le seul crime est leur beauté. L’endroit n’est autre qu’un “fanoir” où la beauté se dessèche comme les feuilles entre les pages d’un herbier.
Un livre très riche car il se verse à la fois dans le conte philosophique, le thriller, le roman fantastique. Bruckner est allé puiser son inspiration dans tous ces domaines. L’intrigue est haletante, la curiosité du lecteur est piquée au vif. Cet œuvre nous remplit aussi de questionnement sur la jeunesse, le temps qui passe. Les réactions de Benjamin parviennent à questionner le lecteur. Passée la quarantaine, la cinquantaine, la soixantaine, lorsque notre reflet dans le miroir ne correspondrait plus à l’idéal auquel nous pouvions aspirer, pourrions-nous résister à la tentation d’une jeunesse retrouvée ? Que serions-nous capables de faire pour contrer les ravages du temps ?

À quelqu’un qui souhaite lire un bon roman, qui aime une bonne histoire avec des intrigues et du suspens, une histoire profonde qui fasse réfléchir aussi, Jonel Juste vous recommande ce livre. Du même auteur, il propose “La Tentation de l’innocence”, un essai publié en 1995 chez Grasset et ayant obtenu la même année le Prix Médicis essai. « L’innocence » décrite dans cet ouvrage désigne la fuite des responsabilités chez l’homme occidental, à travers sa propre infantilisation ou victimisation.

Au terme de sa forte expérience avec les livres, il vous conseille de continuer à lire. Lisez de tout. Lisez les bons auteurs, peut-être aussi quelques mauvais afin d’apprécier les bons. La lecture est salutaire.