
L’idole du foot argentin, Diego Maradona, mort en 2020, aurait eu des origines africaines, selon un article publié en espagnol en 2022 par Enrique Merenda dans les colonnes du journal La Nación. Le quotidien argentin rapporte que les ancêtres de Maradona incluraient Luiz Maradona, un ancien esclave qui a gagné sa liberté en combattant aux côtés du général José Francisco de San Martín, surnommé le libérateur de l’Argentine.
Selon l’expert en généalogie Guillermo Kemel Collado Madcur, la star du football descendrait de Luiz Maradona, un esclave qui a gagné sa liberté en combattant dans l’armée des Andes.
Une enquête approfondie sur l’arbre généalogique de Diego Armando Maradona a permis d’établir qu’il existe une relation très étroite entre le footballeur, décédé il y a deux ans [l’article est paru en 2022], et la province de San Juan (en Argentine), qui va au-delà des questions sportives. Selon Guillermo Kemel Collado Madcur, diplômé en sciences de la communication, expert en généalogie et en héraldique, le footballeur descendrait d’un esclave de San Juan qui faisait partie de l’armée des Andes, a survécu à la guerre d’indépendance d’Argentine et a obtenu sa liberté « pour les services rendus à la patrie ».
Guillermo Kemel Collado Madcur est titulaire d’une licence et d’une maîtrise et enseigne les sciences de la communication à l’université nationale de San Juan. Il y a des années, il s’est découvert une passion pour la généalogie et l’héraldique. Il est devenu un expert et un chercheur prestigieux. Interrogé par LA NACION, le spécialiste a déclaré : « J’ai pu reconstituer l’arbre généalogique de Diego Armando Maradona sur plusieurs générations, j’ai pu remonter jusqu’à cinq générations. Cela m’a permis de découvrir ses origines : il descend d’un esclave de San Juan qui était soldat dans l’armée des Andes. »
Le chercheur a présenté sa théorie les 29-30 septembre et 1er octobre au Congrès de Généalogie et d’Héraldique, qui s’est tenu à Cordoue. L’article de Collado Madcur, étayé par des documents, s’oppose à la version la plus connue, qui affirme que Diego Armando Maradona descend d’une famille de maîtres. La confusion a une explication évidente : l’esclave dont parle Collado Madcur appartenait à une famille portant le nom de famille Maradona. Avant sa présentation, le chercheur de San Juan a consulté d’autres professionnels du pays, qui ont approuvé ses conclusions.
Luiz Maradona, l’esclave affranchi, soldat et violoniste
L’esclave s’appelait Luiz Maradona, un nom de famille donné par son maître, José Fernández de Maradona. À l’époque, il était d’usage que les maîtres donnent leur nom de famille à leurs esclaves, en y ajoutant une référence à l’hacienda à laquelle ils appartenaient, à l’endroit où ils vivaient ou à d’autres informations connexes.
Le chercheur affirme qu'”il y avait à San Juan une famille qui s’appelait à l’origine Fernández de Maradona ou Fernández Maradona, dont le nom de famille a fini par être apocopé ou abrégé en Maradona. Comme beaucoup d’autres familles, ils possédaient des esclaves. Lors de la préparation de l’armée des Andes, le général argentin San Martín a recruté des esclaves et Luiz Maradona, qui était également violoniste, a été choisi ».
L’une des procédures de recrutement utilisées par San Martín pour créer l’armée des Andes était la loterie, réglementée par le département de la guerre du gouvernement central, qui incluait tous les jeunes hommes âgés de 16 à 18 ans. Cette méthode s’étant révélée insuffisante, il a eu recours à la conscription d’esclaves âgés de 16 à 30 ans. Ceux qui serviraient dans l’armée seraient affranchis.
Collado Madcur poursuit : « Luiz Maradona a été convoqué. Si les esclaves survivaient à la guerre d’indépendance, ils gagneraient leur liberté. De toute évidence, lui et sa famille ont gagné leur liberté. L’un de ses fils s’est installé à Corrientes, a eu un ranch et y a laissé des descendants ». Telle est la lignée de la star du football. Dans la même province, des années plus tard, le 12 novembre 1927, dans la ville d’Esquina, naît Don Diego Maradona, le père de Diego.
Les visites de Maradona à San Juan
Diego Armando Maradona a visité San Juan à quatre reprises : deux fois en tant que joueur professionnel, une fois avec son spectacle de showball et une fois en tant qu’entraîneur de l’équipe nationale, avant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. À aucune de ces occasions, il n’aurait pu imaginer que son ancêtre avait vécu sur ces terres et s’était battu pour l’indépendance de l’Argentine.
La première visite a eu lieu en octobre 1979, sous le maillot d’Argentino Junior. À cette occasion, il a disputé un match amical contre San Martín de San Juan. L’équipe locale menait 3-0, mais les frappes de Diego ont permis à El Bicho de la Paternal de s’imposer 4-3.
La deuxième fois qu’il a joué à San Juan, c’était après l’échec de la Coupe du monde Espagne 82. À cette occasion, en tant que membre de l’équipe nationale argentine, il a joué contre une équipe de Cuyo. L’Albiceleste a gagné 9-1, avec quatre buts de Maradona.
La troisième visite de l’idole a été enregistrée lors de son spectacle de football à effectif réduit, appelé Showball. À cette occasion, l’équipe argentine a joué contre le Chili et le match s’est terminé sur le score de 7-7.
La dernière visite de Diego à San Juan remonte à 2010. L’Argentine s’était déjà qualifiée pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Elle a affronté le Costa Rica, avec Keylor Navas dans les buts. L’Argentine s’est imposée 3-2.
Par Enrique Merenda (traduit de l’espagnol par Jonel Juste)